Nous en parlions dans un précédent article, les pharmaciens ont largement vu leur rôle évoluer pendant la crise sanitaire. Cela s’est notamment traduit par la multiplication des tests de dépistage et la vaccination anti covid en officine.

D’une part, ces évolutions ont permis de renforcer la confiance des patients à l’égard de leur pharmacien. D’autre part, elles ont légitimé les nouvelles missions de ces derniers, leur conférant une place essentielle dans un paysage médical en pleine mouvance et un environnement sanitaire complexe.

Un nouveau paradigme est donc, semble-t-il, en train de se dessiner au plus grand bonheur des acteurs du secteur officinal et de ceux qui soutiennent la profession. Décryptage !

Que dit la nouvelle convention nationale pharmaceutique ?

Établissant les rapports entre l’assurance maladie et les pharmaciens titulaires, la nouvelle convention pharmaceutique signée le 9 mars 2022, affirme le rôle fondamental du pharmacien en tant qu’acteur de santé publique.

Elle étend notamment ses missions en matière de prévention, d’accompagnement des patients et de premier recours. Le pharmacien se voit également chargé d’une mission de conseil quant à l’amélioration de l’usage des produits de santé. La convention fixe, par ailleurs, un cadre sur des sujets connexes comme la prise en compte des enjeux numériques et environnementaux.

Pour plus de détails, sur les principales mesures prévues dans la convention, vous pouvez consulter ce billet de blog écrit par l’assurance maladie.

Capitaliser sur cette nouvelle image

Nous l’avons vu précédemment, la nouvelle convention prévoit des missions autour de plusieurs axes :

  • La dispensation des produits de santé ;
  • L’accompagnement ;
  • La prévention ;
  • L’accès aux soins et parcours de soins ;
  • L’écologie ;
  • La transformation numérique ;

Certains groupements accompagnent même leurs adhérents dans leurs démarches pour devenir les premiers relais de santé des villes et s’afficher comme des interlocuteurs privilégiés de proximité pour les soins ne nécessitant pas d’aller consulter un médecin.

Pour répondre à ces nouveaux enjeux, la profession va donc devoir s’adapter en investissant dans les nouvelles vaccinations, le dépistage des infections urinaires et du cancer colorectal et aussi dans de nouveaux appareils de mesure.

Enfin et pour assurer une transition saine, les différents groupements incitent fortement leurs adhérents à s’emparer le plus tôt possible de ces nouvelles missions notamment par le biais de campagnes de communication interne.

Interprofessionnalité médicale : comment assurer un parcours de santé efficace ?

Cette nouvelle convention soulève également des questions quant au périmètre de chacun des acteurs dans l’espace public de santé.

La notion de collaboration entre les différentes parties prenantes semble, en effet, être primordiale pour assurer aux patients des parcours de santé efficaces. C’est là qu’intervient le digital ! Des outils numériques comme “Mon Espace Santé” devraient contribuer à assurer l’exercice coordonné du parcours de soin.

Lancée le 3 février 2022, la plateforme ouvre le champ des possibles en matière de transparence et de coopération. Le patient peut par exemple, en toute autonomie, partager ses données de santé avec les professionnels qui l’accompagnent. Ces derniers peuvent ensuite échanger entre eux via une messagerie interne sécurisée, facilitant par conséquent la prise en charge des patients.

Vers un aménagement des espaces dans les officines ?

Et si à l’avenir, on parlait de point de vente médicalisé plutôt que de simple “pharmacie” ! C’est en tout cas ce qui semble se dessiner avec la signature de cette nouvelle convention.

La pluralité des tâches accordées aux pharmaciens nécessite d’adapter les différents espaces intérieurs afin d’accentuer le côté médical. Au-delà de l’aspect matériel, il ne serait pas étonnant de constater des changements dans l’habillement du personnel, avec par exemple la disparition des blouses roses pour les préparateurs au profit de blouses blanches.

Cette transformation au niveau de l’image semble en tout cas se présenter comme un véritable challenge pour les années à venir.

Le rôle des groupements dans cette mutation

Bien que cette mutation soit vue d’un bon œil par de nombreux acteurs du milieu médical, elle risque de faire naître bon nombre de tâches chronophages. Dans ce nouvel écosystème les groupements vont donc devoir redoubler d’efforts pour accompagner la transformation de façon durable.

Ils devraient permettre de décharger les professionnels d’un ensemble de tâches administratives et d’assumer une grande partie des fonctions supports (achat, merchandising, comptabilité, etc).

Le besoin en formation risque également de s’accroître. Pour aller dans ce sens, des webinars organisés par Pharmactiv remportent depuis plusieurs mois un franc succès. On y retrouve des ateliers sur la prise en charge des patients diabétiques, l’urgence médicale à l’officine ou encore l’accompagnement du patient en oncologie.

Comment se présente l’avenir ?

À première vue, il pourrait être tentant de penser qu’avec cette nouvelle convention tout est déjà acquis. Mais quand cette transformation est regardée d’un œil plus avisé, il est prudent de constater que le chemin à parcourir est encore long.

Les efforts à fournir dans les années futures devront être importants pour permettre aux pharmaciens d’exercer comme de véritables professionnels de santé.

Après une pandémie qui a fatigué les acteurs du médical, le maître-mot est donc à la vigilance. La profession va devoir rester mobilisée pour préserver ce nouvel acquis. Ce qui est sûr, c’est que les choses bougent, les efforts fournis portent leurs fruits et c’est de très bon augure pour la suite !