Depuis le début de la crise sanitaire (COVID-19), le secteur de la e-santé connaît une accélération sans précédent : apparition de services de téléconsultation, augmentation des prises de rendez-vous en ligne, objets connectés, application “tous AntiCovid”, etc.

Dans cette continuité, le gouvernement a officiellement lancé, le jeudi 3 février 2022, un nouveau service d’utilité publique dénommé : “Mon Espace Santé”. Il a pour objectif d’améliorer et remplacer le dossier médical partagé, qui de son côté, n’a pas réussi à convaincre.

La promesse ? des documents de santé stockés au même endroit, de manière sécurisée et accessibles par les patients et soignants.

25 ans après l’apparition de la carte vitale, “mon espace santé” apparaît donc comme une nouvelle révolution dans le secteur des services numériques de santé.

Reste à voir si, après l’échec cuisant du dossier médical partagé, cette tentative sera la bonne…

Pourquoi le dossier médical partagé n’a pas réussi à convaincre ?

Beaucoup s’amusaient en 2018 avec l’acronyme DMP, en parlant de “Dossier Mal Parti”.

3 années plus tard, il s’agit bel et bien d’une réalité : le dossier médical partagé n’a réussi à convaincre ni les patients, ni les professionnels de santé et a donc été abandonné.

Cette “non adhésion”, s’explique en partie, par le fait que le dossier médical partagé ne soit pas interconnecté avec les logiciels métiers utilisés par les professionnels du médical.

Pour simplifier, il n’était pas possible, pour un médecin, de ranger les documents de façon automatique dans le dossier patient concerné sans qu’il n’ait à effectuer une saisie manuelle à la fois dans son logiciel métier et dans le DMP.

Ces diverses contraintes, autrement dit, temps passé conséquent, double saisie, risque d’erreur, ont donc largement contribué à l’échec du dossier médical partagé.

Dès lors, qu’en est-il du nouvel espace santé lancé par le gouvernement le 3 février 2022 ?

“Mon Espace Santé” : tirer les leçons du passé ?

250 millions de documents envoyés annuellement dans la plateforme, c’est l’objectif ambitieux fixé par l’assurance maladie d’ici 2023, il n’est donc pas question de refaire les mêmes erreurs.

De nombreux éditeurs de logiciels sont d’ailleurs, d’ores et déjà, compatibles avec les outils métiers des professionnels de santé et permettent une connexion automatique avec “Mon Espace Santé”.

La promesse reste toutefois la même : donner aux patients, un espace sécurisé, facile d’accès dans lequel il est possible d’ajouter et consulter des documents de santé et les partager avec les acteurs du médical qui le suivent.

L’outil a par ailleurs été entièrement relooké. Désormais plus clair, plus intuitif au premier coup d’œil, il devrait obtenir l’adhésion de grands nombres de professionnels.

Quelles fonctionnalités sont disponibles sur le e-carnet de santé ?

  • Un coffre-fort sécurisé où tous les documents de santé sont classés (ordonnances, résultats de biologie, dossier d’hospitalisation, etc) ;
  • Un profil médical où l’usager peut remplir ses informations personnelles (allergies et antécédents familiaux, mise à jour des constantes comme la tension, la glycémie ;
  • Un carnet de vaccination ;
  • Une messagerie pour sécuriser les échanges du patient avec les professionnels et établissements de santé ;

Par ailleurs, les données de remboursement ne sont plus mêlées au reste des documents comme c’était le cas sur le DMP.

D’autres fonctionnalités sont prévues courant 2022 avec notamment l’accès à un agenda médical qui permettra aux patients d’obtenir une vision générale de leurs rendez-vous médicaux, de consulter leurs rappels de vaccination, leurs dépistages, etc.

Mais aussi :

  • Le lancement d’une application mobile ;
  • L’affichage de conseils de prévention personnalisés ;
  • Le début de l’alimentation automatique du dossier médical par les hôpitaux, les médecins de ville, les biologistes et les pharmaciens ;
  • L’affichage des rappels de vaccination pour tous les vaccins ;
  • La possibilité pour le professionnel ou l’établissement de santé d’obtenir simplement un accusé de lecture quand le patient a ouvert le message envoyé.

Bien que ce nouvel outil semble promis à un bel avenir, il présente toutefois certaines limites :

  • Comme vu précédemment, le service dépend entièrement de l’adhésion des usagers (patients, pharmaciens, médecins, etc) ;
  • Il n’existe pas encore de compatibilité avec France Connect pour faciliter la connexion ;
  • Les arnaques se multiplient, elles sont assimilables aux escroquerie sur le CPF (compte professionnel de formation);
  • Le e-carnet de santé renforce la fracture numérique.

Pour favoriser l’adhésion des Français à “Mon Espace Santé”, une campagne de communication a par ailleurs été lancée en février avec le slogan “Mon espace santé – vous avez la main sur votre santé”

Concernant la fracture numérique, des partenariats ont été contractés avec des acteurs de l’écosystème pour faciliter l’inclusion.

Quels usages pour les pharmaciens ?

Cette nouvelle plateforme permet de fluidifier les interactions entre les pharmaciens et les patients. Un patient peut, par exemple, envoyer à son pharmacien, via le chat sécurisé dans l’application, des informations contenues dans son profil ou encore lui faire parvenir des ordonnances. Le pharmacien peut quant à lui, faire parvenir aux patients des conseils ou des informations sur les traitements.

Rendez-vous donc, dans quelques mois, pour voir si la promesse a été tenue !