Après une expérimentation pour un seul vaccin dans deux régions et suite à un décret publié le 9 août, les pharmaciens sont désormais habilités à prescrire et administrer tous les vaccins du calendrier vaccinal aux patients de 11 ans et plus. CCRI fait le point sur cette avancée majeure pour les pharmaciens !

Quels changements pour les pharmaciens ?

Attendu pour le début de l’été, le projet de loi sur la prescription et la vaccination en pharmacie a été validé le 9 août dernier. Un décret relatif aux compétences des professionnels de santé, ouvre le droit de prescription des vaccins aux pharmaciens d’officine. Un arrêté du même jour fixe le cahier des charges et les durées minimales de formation obligatoire afin de pouvoir prescrire – et administrer – les vaccins dont la liste est élargie, par un deuxième arrêté, à l’ensemble des vaccins du calendrier vaccinal. 

Il faut noter que cette mesure s’applique aux patients âgés de 11 ans et plus. Cependant, les directives spécifient que les pharmaciens en officine ne peuvent pas prescrire ni administrer de vaccins vivants atténués dont la prescription est réservée au médecin lorsque le patient est immunodéprimé. 

Enfin, les étudiants en troisième cycle des études pharmaceutiques (sixième année) sont autorisés à administrer l’ensemble des vaccins du calendrier des vaccinations sous réserve d’avoir suivi les enseignements théoriques et pratiques relatifs à la vaccination dans le cadre de leur formation initiale ou la formation spécifique à la vaccination contre le Covid-19. L’administration des vaccins doit être réalisée sous la supervision d’un maître de stage.

La formation à suivre

Tous les pharmaciens devront suivre une formation sur les caractéristiques des maladies à prévention vaccinale, la traçabilité des vaccinations et les principales recommandations du calendrier des vaccinations et, pour l’administration, le cadre normatif et les objectifs de santé publique de la vaccination, les modes d’injection et le suivi post-injection, comme l’écrit l’article 1 du décret.

Concernant cette formation, deux cas de figure sont possibles :

  • Lorsque le pharmacien n’a pas été formé à la vaccination. Il doit alors suivre une formation dispensée par un organisme ou une structure agréée. Cette dernière doit ainsi respecter les objectifs pédagogiques fixés par le ministre chargé de la santé (durée totale : 17h30) 
  • Lorsque le pharmacien a déjà suivi une formation à l’administration de vaccins ou spécifique à la vaccination Covid. Dans ce cas, il est ainsi dispensé du suivi de la partie de la formation non-obligatoire relative à l’administration de vaccins (durée totale : 10h30).

Retrouvez le détail du programme de formation ici.

Des conditions pratiques et techniques à respecter

La vaccination dans une officine exige de remplir des conditions techniques et pratiques :

  • Les locaux doivent être adaptés et proposer un espace de confidentialité clos sans contact avec les médicaments, pour mener l’entretien préalable. 
  • Le patient doit pouvoir être installé confortablement : le pharmacien est tenu de fournir des équipements de type table et chaise. 
  • Le professionnel a également accès à un point d’eau ou des solutions hydroalcooliques pour l’hygiène des mains, et dispose d’une enceinte réfrigérée pour le stockage des vaccins dans l’officine. 
  • Une trousse de première urgence fait aussi partie du matériel à prévoir au moment de la vaccination. En dehors des classiques compresses et désinfectants, ce nécessaire doit contenir au moins un antihistaminique H1 et de l’adrénaline. 
  • Le pharmacien a la responsabilité des DASRI (déchets d’activité de soins à risque infectieux) générés par la mission de vaccination en officine. Conformément à la réglementation et au code de la santé publique, il lui faut passer convention avec un prestataire de collecte habilité à prendre en charge ces déchets dangereux. 
  • Le pharmacien doit disposer du matériel informatique nécessaire à la traçabilité des vaccinations réalisées et à l’accès aux outils dématérialisés de partage et de stockage de documents, notamment le dossier médical partagé (DMP) et l’espace numérique de santé des patients.


Cette autorisation de prescription marque une avancée majeure dans le rôle des pharmaciens pour la promotion de la santé publique. En effet, cette nouveauté consolide l’implication des pharmaciens dans la délivrance des traitements, tout comme la confiance des patients envers les officines.